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Derrière les rêves de stade de Christian Constantin, le flou et le risque
Derrière les rêves de stade de Christian Constantin, le flou et le risque

24 Heures

time2 days ago

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Derrière les rêves de stade de Christian Constantin, le flou et le risque

La nouvelle arène du patron du FC Sion pourrait sortir de terre sans débat politique ni verdict populaire. Pourtant, ce projet à 450 millions n'est pas sans risques et sa rentabilité interroge. Publié aujourd'hui à 08h54 Le 27 juin dernier, Christian Constantin présentait sa vision pour le stade aux côtés de Philippe Varone et de Stéphane Ganzer. KEYSTONE En bref: Une arène pharaonique, sans deniers publics. Grand prince, face à la presse, Christian Constantin renonce à une subvention étatique de plusieurs dizaines de millions de francs pour bâtir son projet. C'était le 27 juin dernier. Le promoteur immobilier juge «inélégant» de solliciter pareille somme à l'État du Valais après l'ensevelissement du village de Blatten et les 320 millions de dégâts causés. Le président du FC Sion , qui réclame plus de 7 millions de francs au Canton dans une affaire d'expropriation de terrains à Riddes, ajoute vouloir s'épargner «les polémiques politiques». Du simple au triple C'est aussi que l'enveloppe de l'État avait un coût. Celui d'un débat au parlement cantonal – où les élus sont divisés sur le projet – et l'ombre d'un potentiel référendum qui aurait conduit le peuple aux urnes. «Tu as un mec qui sort le fric et qui ne demande rien, tu veux quoi de plus?» commente Christian Constantin. L'argument est audible, jusque dans les rangs du Grand Conseil. «Du moment qu'il paie…» résume un élu. Face à une facture vertigineuse, l'État prend donc volontiers un pas de retrait. Début 2024, l'ardoise annoncée était de 150 millions et divisée entre le club, la Ville et le Canton. Le coût de l'infrastructure a triplé depuis lors. Sans que les pouvoirs publics puissent l'expliquer. En effet, le détail du projet n'est connu que d'un seul homme, Christian Constantin. «Effectivement», sourit l'intéressé. Le «Cervin Coliseum» devrait changer de nom une fois sorti de terre. «Si Nestlé met du pognon, je peux l'appeler la Nestlé Arena.» Christian Constantin SA Un pari sur l'avenir Reste que ce vaste complexe où se tutoieront, a priori, des commerces, un hôtel, des services et un intérieur équipé pour de l'événementiel n'est pas sans risques. Pour le promoteur, oui, mais aussi pour la collectivité publique. «Que se passera-t-il si Christian Constantin se retire du projet? Qui assumera une infrastructure à 450 millions ou une friche industrielle? La Ville de Sion?» interroge Stéphane Haefliger, chef de groupe du Centre au Législatif de la capitale valaisanne. L'Exécutif sédunois, qui reste à l'écart de la gouvernance du projet de stade, s'est posé la même question. «Nous demanderons des garanties», promet Philippe Varone, président de la Municipalité. En substance, la Ville veut s'assurer que l'arène soit «financée, entretenue et amortie». Pour quel montant et avec quelles sources de financement? Pour l'heure, l'Exécutif l'ignore. «Le projet est encore flou.» À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Si Philippe Varone reconnaît «un risque» face à un tel chantier, il reste, selon lui, mesuré. Et ce, malgré les trois échecs successifs de Christian Constantin dans ses tentatives de construire une nouvelle arène. «À Sion, c'est différent. La Ville reste propriétaire des terrains (ndlr: qu'elle mettra à disposition sous forme de droit de superficie) . Il n'y aura pas de centre commercial à la place d'un stade», ajoute le chef de l'Exécutif, en référence aux enseignes laissées par le promoteur à Martigny et à Riddes. Face au gigantisme du projet, Christian Constantin reconnaît, lui aussi, une part d'incertitude. «Il y a toujours un risque, mais le club m'appartient. Mon job, c'est donc de faire en sorte que les activités tournent. Je ne me lancerai pas dans cette aventure sans les financements nécessaires.» Le patron du FC Sion l'affirme sans détailler la manière: l'infrastructure sera rentabilisée à son ouverture déjà. L'inauguration est prévue à l'été 2030, selon les projections très optimistes du Valaisan. Le Législatif «court-circuité»? Le complexe ne devrait pas faire l'objet d'un débat politique. À l'échelon cantonal, c'est désormais acté. Quant au Législatif communal, il pourrait également rester muet. Les parcelles de la Ville frappées d'un droit de superficie ne font d'ordinaire pas l'objet d'un vote. Mais Philippe Varone ne ferme pas la porte à un scrutin. Sans pour autant l'ouvrir. «Le projet sera présenté au Conseil général, et ce dernier pourrait être amené à se prononcer en fonction de ses compétences financières», souligne-t-il. Stéphane Haefliger, lui, a d'ores et déjà fait le deuil d'un débat politique. Non sans s'en insurger. «On a le sentiment que personne n'a son mot à dire. Les garanties financières ne suffisent pas, il faut avoir la certitude que ce projet verra bel et bien le jour et qu'il puisse être pérennisé.» Aux yeux du Centriste, «le Législatif a été court-circuité sur tous les points. Quand on voit le débat démocratique et constructif qui s'est déroulé à Sierre en lien avec la nouvelle patinoire, on regrette qu'il fasse défaut à Sion. C'est dommageable pour les élus et pour les citoyens.» Si Stéphane Haefliger n'est pas opposé au principe d'un nouveau stade, il refuse le principe d'un «blanc-seing» pour un projet d'un tel calibre. La révolution Constantin Christian Constantin «peut entendre» les inquiétudes liées à l'envergure de son arène. Mais il ne s'en formalise pas. Le promoteur en est convaincu, son concept va «révolutionner» le monde du spectacle. C'est même le cœur de son projet avec quelque 200 événements qui, selon lui, devraient jalonner l'année. De ce volet dépend la réussite, ou non, du projet. Et si le patron du FC Sion est viscéralement convaincu du succès futur de son infrastructure, c'est qu'il s'apprête à offrir «une expérience unique au monde». Il précise: «Quand tu t'installes dans un stade comme le mien, tu es en totale immersion, tu deviens acteur du spectacle.» Et ce, grâce à l'écran géant qui s'étale sur l'entier d'une tribune, inspiré de la célèbre sphère de Las Vegas. «Mais là-bas, ce n'est que des écrans. Moi, en plus, j'aurai une scène intégrée et modulable. J'ai même un gars qui fait des effets spéciaux», s'enthousiasme le sexagénaire. Il s'inscrit donc dans les sillages «des spectacles de demain qui seront audiovisuels». Pour ses concerts, Christian Constantin veut voir les choses en grand. Christian Constantin SA Au-delà de l'artillerie technologique, l'infrastructure est-elle pérenne dans un bassin de population d'environ 370'000 âmes? «C'est une économie basée sur les quatre saisons avec des événements au fil de l'année. En hiver, les touristes affluent en Valais, il faut leur proposer une offre.» Et pour mettre le grappin sur des artistes capables de remplir son stade, Christian Constantin a un plan. «Il faut travailler avec des sociétés d'événementiel dans l'hémisphère Sud. Ceux qui performent là-bas l'été, je les prends chez moi l'hiver.» Par le passé, l'homme a également mentionné le Cirque du Soleil à plusieurs reprises. Des concerts «impossibles à rentabiliser» Qu'en disent les professionnels de l'événementiel? Michael Drieberg, patron de Live Music Production, ne partage pas l'optimisme de Christian Constantin. «C'est impossible de rentabiliser des concerts ou des spectacles dans un stade en Suisse romande», appuie celui qui est aussi à la tête du festival Sion sous les étoiles . Il réfute au passage la tenue de son événement dans la future arène du FC Sion, contrairement à ce qui a été avancé par le promoteur. «Je n'ai jamais été consulté», dit-il. Depuis un quart de siècle, seuls trois concerts se sont tenus dans un stade en Suisse romande, dont deux organisés par Michael Drieberg. «Il n'y a pas de marché. À l'inauguration de la Tuilière , à Lausanne, Ineos annonçait 60 concerts par an. Il n'y en a eu aucun, précisément parce que c'est infaisable», relève-t-il. Même constat ou presque pour la Vaudoise aréna, la Maladière de Neuchâtel ou la Praille à Genève . «On ne joue pas dans cette catégorie, encore moins avec une capacité de 30'000 places.» L'argument technologique (des écrans au plancher modulable) ne nuance pas le verdict. «Ça ne change rien. Personne ne va construire un spectacle juste pour un stade, ça n'existe pas», souligne-t-il. Les artistes ont d'ailleurs tendance à éviter les arènes sportives, sinon de très rares vedettes capables de remplir «des stades de 45'000 à 80'000 places». Bref, selon Michael Drieberg, «il est simplement irréaliste d'imaginer 60 concerts par année dans un stade et jamais on n'y verra le Cirque du Soleil». Christian Constantin, lui, s'accroche à son rêve: «Aujourd'hui, on peut avoir des états d'âme, demain ce sera une fierté.» En savoir plus sur Christian Constantin et son projet de stade, c'est ici Newsletter «La semaine valaisanne» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton du Valais, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Dimitri Mathey est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2025. Correspondant en Valais, il décrypte les enjeux cantonaux pour la Romandie. Auparavant, il était responsable politique pour «Le Nouvelliste». Plus d'infos @DimitriMathey Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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